vendredi 26 décembre 2014

Bilan 2014


Hier soir je crayonnais la planche 15 de Nesca en écoutant la magnifique bande originale du film "Les Bêtes du Sud Sauvage" et tout à coup je me suis dit "Tiens, et si je faisais un bilan de mon année 2014 ?" 
Comme j'étais d'accord avec moi-même, le voilà :


 Dans ma vie de tous les jours, si ça ne bouge pas énormément de manière visible, ça bouge toujours plus dans ma tête. J'ai l'impression que depuis mes 21 ans, ma curiosité du monde s'est éveillée et avec elle, une foule de questions mais aussi de préoccupations, ce qui a été parfois douloureux mais le plus souvent extrêmement motivant et quand je vois le chemin parcouru en 5 ans, j'en suis contente et me dis que ce n'est pas prêt d'être fini !

 


Niveau boulot, 2014 marque quand même la sortie de ma première BD : Kanopé !
(en lice pour le prix du meilleur "Premier album" sur BDGest, si vous y êtes déjà inscrit ou connaissez quelqu'un qui l'est, votez pour Kanopé !)

Être lue par des milliers de personnes dépasse mon échelle de perception et me parait toujours aussi étrange, mais qu'est-ce que c'est bien ! A chaque festival, je rencontre des gens intéressants que je ne connais pas et qui ont lu mon histoire, qui très souvent l'ont aimée et qui m'en parle en l'interprétant à leur manière et ça, je trouve ça fantastique.

Mes personnages et leur histoire m'ont ouvert un nouvel univers où, malgré les nombreuses problématiques liées au métier actuellement, je me sens bien et je les en remercie.

Il est vrai que les problématiques dont je parle ne sont pas passées sans angoisse. En sortant mon premier album et en allant en festival,  j'ai vraiment eu l'impression de rentrer dans le métier en rencontrant d'autres auteurs et en comparant les autres expériences professionnelles à la mienne, je me suis bien rendue compte que c'était compliqué pour tout le monde et encore parfois plus pour les autres. Je parle ici des contraintes financières, de la position de plus en plus précaire qu'occupe les auteurs dans le monde du livre.
J'aime vraiment raconter des histoires en bande dessinée et je sais que ce métier me va très bien au quotidien. Mais écrire une bonne histoire, quoiqu'on en dise, ça demande du temps et, même si je déteste ce dicton, le temps peut effectivement être de l'argent. Hors, même si ce n'est pas incompatible, on ne choisit pas de faire de la BD pour devenir riche...




  Au vu de mes principes, qui ne sont d'ailleurs pas que les miens, c'est un véritable cercle vicieux. Je veux vraiment donner le meilleur de moi-même en essayant de raconter la meilleure histoire possible => ça prend énormément de temps, et donc de travail "gratuit" => ce qui ne paie toujours pas le loyer ni les courses en 2014 => Est-ce que je ne ferais pas autre chose qui me fait gagner plus de sous ou même de la BD de commande ?
 Les quelques mois autour de la sortie de Kanopé n'ont donc pas été sans tension ni doutes, j'oscillais entre la joie de voir mon premier album sortir et la peur de ne pas avoir assez de temps/argent pour écrire une bonne histoire qui me ferait continuer dans ce monde de la bande dessinée que j'ai déjà eu suffisamment de mal à atteindre.

En août, 4 mois après la sortie de Kanopé, l'histoire de Nesca a été signée et j'ai pu de nouveau respirer en étant heureuse d'avoir pu, grâce au précieux soutien familial, ne pas trahir mes principes.
 Je suis donc repartie, sereine, sur une nouvelle histoire où je donne une nouvelle fois tout ce que j'ai, avec beaucoup d'enthousiasme.




(Vous sentez l'enthousiasme là ?)

Réussir à concilier tous ces petits combats, dont certains me dépassent, sans se faire submerger par ses émotions n'est évidement pas simple.
 D'un coté je lutte pour ce en quoi je crois en racontant des histoires, ce qui rejoint mon quotidien et m'y renforce. D'un autre je lutte pour rester dans un métier qui me plait énormément et dont les "lois" sont parfois en conflit avec mes principes. Et pour finir, je lutte pour que ce métier soit reconnu à sa juste valeur et que le pouvoir magique qu'ont les histoires en bande dessinée puisse continuer à répandre ses bienfaits.
En cette année 2014, j'ai bien compris que la lutte n'était jamais finie et qu'il valait mieux l'accepter et essayer de l'aborder de la manière la plus professionnelle et la plus sereine possible, à mon échelle, pas à pas.
 Sans renoncer, mais sans y jeter toutes mes forces en une fois non plus.






2014 se clôture donc ainsi.
Et je pense que la suite va être plutôt pas mal...



3 commentaires :

  1. Merci car en pleine période de doute et de lutte.
    ce texte va bien au-delà d'un seul métier, il s'étend pleinement aux multiples facettes que comporte la vie et ses combats.
    (une future illustratrice qui est répartie avec ton illustration ou un éléphant égrabouille croc mort.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah, je suis ravie de te recroiser sur mon blog ! :)
      Et contente que ce texte aie un écho chez toi. J'ai l'impression qu'on vit tous un peu les mêmes choses sous des formes différentes et que les lire sous une forme chez quelqu'un d'autres que soi fait parfois du bien, qu'on se sent, du coup, un peu moins seul(e) face à tout ça.

      Supprimer